L'art de l'ancienne Gallia Narbonensis constitue un corpus cohérent grâce à un certain nombre de caractéristiques visuelles communes. Parmi celles-ci figure une technique de sculpture qui consistait à inciser profondément les contours des figures dans les reliefs sculptés, une tendance qui était rare dans l'art romain ailleurs. Cet article étudie la présence de contours incisés dans des monuments érigés entre la fin du premier siècle avant J.-C. et les premières décennies du premier siècle après J.-C. sur des sites tels qu'Orange, Carpentras et Glanum. Je soutiens que nous pouvons expliquer cette caractéristique particulière en établissant des continuités avec les monuments préromains créés dans la région, qui révèlent une solution esthétique similaire. En m'appuyant sur l'analyse visuelle et en utilisant la lentille de deux paradigmes postcoloniaux, la créolisation et l'hybridité, je propose une reconsidération de monuments provinciaux bien connus, élargissant notre compréhension du rôle de la culture visuelle comme marqueur essentiel de la transformation coloniale de la Gaule.